Et si le Grand Paris, c’était l’Île-de-France ?

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En juin 2025, une nouvelle étape a été franchie dans le développement du Grand Paris Express avec la présentation d’une étude sur le prolongement de la ligne 18 vers l’est, au-delà de l’aéroport d’Orly, alors que le premier tronçon de la ligne sera mis en service fin 2026, entre Massy-Palaiseau et Christ de Saclay. Ce projet, porté par les élus du Val-de-Marne et de l’Essonne, s’ajoute à d’autres pistes de prolongements ou de nouvelles lignes actuellement à l’étude dans la région. Cet article revient sur ces projets en cours, les territoires concernés, et les enjeux qu’ils soulèvent pour les mobilités en Île-de-France.

Prolonger la ligne 18

En juin 2025, les conseils départementaux de l’Essonne et du Val-de-Marne présentaient l’étude sur le projet de prolongement de la ligne 18 du Grand Paris Express à l’est de l’aéroport d’Orly, vers le Val d’Yerres et le Val-de-Marne. Cette étude vient appuyer l’inscription du projet au schéma directeur de la région, et l’engagement des maires du nord de l’Essonne et du Val-de-Marne, pour obtenir le prolongement du Grand Paris Express sur leur territoire.

La ligne prolongée formerait ainsi une tangentielle de 17km au Sud-Est du Grand Paris, avec la desserte des communes de Paray-Vieille-Poste (en correspondance avec le T7), Athis-Mons (RER C), Vigneux-sur-Seine (RER D), Montgeron (RER D), Crosne, Valenton (Câble C1), Limeil-Brévannes et enfin Boissy-Saint-Léger (RER A). Le potentiel capacitaire de la ligne projeté culmine ainsi à 100 000 usagers en heures de pointe dans les communes bordant l’aéroport d’Orly, où résident de nombreuses personnes travaillant sur la zone aéroportuaire, pour un budget prévisionnel de 3 milliards d’euros. L’étude prévoit une augmentation de 130% du trafic annuel prévisionnel de la ligne 18, avec un report modal depuis la voiture permettant d’économiser 28 000t de CO² par an. Suite à la publication de cette étude, l’État et la région ont retenu le projet pour une mise à l’étude plus poussée. Si ce projet était voté, ce prolongement verrait le jour à horizon 2040, et permettrait à l’Essonne de passer en une décennie d’un territoire sans métro, à pas moins de 11 stations sur son territoire (dont 5 qui ouvriront d’ici 2026), grâce à la ligne 18.

D’autres prolongements à l’étude et peut-être une toute nouvelle ligne 

En parallèle du prolongement de la ligne 18, plusieurs autres projets de transport promettent d’occuper les élu.e.s de la région dans les années à venir. En Essonne toujours, l’ouverture d’un arrêt de la ligne 14 à Morangis, avant son centre de remisage, mobilise toujours les élus locaux et riverains. Plus au sud, c’est le prolongement de l’historique ligne 4 au-delà de Bagneux qui suscite l’intérêt des élus des Hauts-de-Seine et de l’Essonne. Le projet, encore au stade embryonnaire, fait déjà l’objet d’une étude, dont les résultats dépendront de l’installation hypothétique du nouveau stade du PSG à Massy. Les études de faisabilité lancées par Ile-de-France Mobilités devront déterminer d’ici 2027 le coût et l’impact exact de ces prolongements. Plus ambitieux encore, au nord-ouest de la région, le projet de ligne 19 desservant le Val d’Oise, entend faire justice au département, grand lésé du tracé du GPExpress, avec à l’heure actuelle une seule station prévue sur son territoire, la gare de Gonesse, qui devait desservir le projet Europa City dans le Triangle de Gonesse, projet depuis annulé. Le tracé de l’hypothétique ligne 19, de Nanterre à Roissy, en passant par Argenteuil, Ermont-Eaubonne et Garges-Sarcelles, formerait une rocade nord-ouest de Paris. Le projet a été inscrit au schéma directeur de la région, bien que son important coût projeté, 6,5 milliards d’euros, demeure contesté par certains élus et habitants du Val d’Oise, qui craignent le détournement de financements prévus pour le prolongement du T11.

Et si finalement, le Grand Paris, c’était l’Île-de-France ?

En 2010, le projet du Grand Paris Express annonçait unifier le territoire de la métropole du Grand Paris, née officiellement cinq ans plus tard, et intégrant la ville de Paris, les départements de sa petite couronne, et quelques communes de l’Essonne et du Val d’Oise. Dès leur planification, le projet de métro en rocade de banlieue à banlieue, comme le projet territorial de métropole, ont pour objectif de revoir les limites du Paris telles que définies par l’enceinte de Thiers de 1760, sur laquelle a été construit le périphérique en 1973. En effet, depuis la seconde moitié du XXe siècle, l’urbanisation massive de la région parisienne, le prolongement des lignes de métro et la création du réseau de RER, ont contribué à la très forte intégration entre Paris et sa banlieue, malgré les grandes disparités territoriales criantes. Le Grand Paris prévoit ainsi d’unifier administrativement les territoires de la première couronne pour faire du Grand Paris une métropole de 7 millions d’habitants de premier plan, capable d’exister au niveau mondial. Toutefois, à l’heure du GPExpress, le tracé des nouvelles lignes outrepasse largement ce périmètre territorial : la ligne 18 dessert le plateau de Saclay en Essonne et Versailles dans les Yvelines, la ligne 16 compte une gare à Chelles, et partage son terminus avec la 15 à Champs sur Marne, tandis que la 17 a son terminus au Mesnil-Amelot en Seine-et-Marne. Par ailleurs, les nouvelles lignes de métro, en correspondance avec le réseau de RER existants, prévoient le rabattement des habitants des départements de la grande couronne. Il apparaît que le GPExpress changera les mobilités des franciliens bien au-delà des limites de la métropole du Grand Paris. Les divers projets de prolongement ou nouvelles lignes à l’étude, au-delà de ce territoire, indiquent que l’extension du réseau de métro intéresse toute la région, qui finance les études et mène la réflexion. Les projets du GPExpress, de la métropole du Grand Paris, du RER avant, et l’intégration historique progressive des villes voisines autour de Paris ne racontent-elles pas toutes la même histoire, celle d’une métropole, la région parisienne même, et ses 12 millions d’habitants, à l’urbanisation continue depuis plusieurs siècles ? Et si, finalement, le Grand Paris c’était l’Île-de-France ?

Bibliographie

Communiqué de presse de l’étude pour le prolongement de la ligne 18 : https://bit.ly/44slFIH

Article du Parisien sur le prolongement de la ligne 4 : https://bit.ly/3GJAQEa

Communication sur la ligne 19 du Val d’Oise : https://bit.ly/4kyWQPV

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